La discussion théologique est une bonne chose. Elle nous ouvre l’esprit, nous transforme, nous apprend à mieux réfléchir sur Dieu, à raffermir notre foi. Mais il faut, pour cela, que le débat soit sain et qu’il soit saint.
Afin que cela se passe, il faut, au mieux qu’on peut, chercher à se libérer du désir de gagner la discussion, tout en cherchant à présenter la vérité de la façon la plus convaincante. Et surtout, il faut que les deux parties soient soumises à l’autorité de la Bible.
Je parle ici de discussions entre croyants. Si l’on parle avec une personne qui pense différemment, on peut toujours parler de théologie, mais on ne peut être d’accord sur les principes de base sur comment on peut connaître Dieu. Le chrétien doit se soumettre à l’ensemble du texte biblique et chercher à le comprendre le mieux possible et ce, dans son contexte historique, littéraire et lexical. C’est un exercice d’une vie, qu’hommes et femmes, érudits et simples doivent faire.
Notre église et le mouvement auquel elle appartient sont, dans les grandes lignes, réformés dans leur théologie. Nous en venons à cette position grâce au désir de suivre le plus possible les enseignements de la Parole. Il y a certains pasteurs et certains prêches qui seraient plus arminiens dans leur lecture du texte, mais dans l’ensemble, comme Calvin et Luther, nous croyons à la souveraineté de Dieu dans l’histoire et à la primauté de Christ dans le texte.
Ce fait suscite souvent la discussion sur le libre arbitre, discussion qui ne fait que durer depuis environ 1600 ans, quand Augustin et Pélage en ont débattu (et les Grecs encore avant). Cette discussion est également importante au moment de la Réforme, où Erasme de Rotterdam écrit De libero arbitrio (du libre arbitre ou de la liberté de la volonté) et Luther répond avec De servo arbitrio (Du serf arbitre, ou de l’esclavage de la volonté).
J’en parle ici car j’ai récemment eu des discussions avec des amis qui ne sont pas d’accord sur ma position. Je pense qu’il soit important de discuter de ces questions qui sont réellement importantes et il faut le faire avec respect et amour les uns pour les autres.
Quand on parle de ces sujets, inévitablement, les arminiens nous lancent des versets comme 1 Timothée 2.4: “Car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.” et nous, on répond avec Romains 8.28-30: “Nous savons en outre que Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment, de ceux qui ont été appelés conformément au plan divin. En effet, ceux que Dieu a connus d’avance, il les a aussi destinés d’avance à devenir conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit l’aîné de nombreux frères. Ceux qu’il a ainsi destinés, il les a aussi appelés à lui; ceux qu’il a ainsi appelés, il les a aussi déclarés justes, et ceux qu’il a déclarés justes, il les a aussi conduits à la gloire.”
Et ainsi, on a bien avancé. Pas vraiment.
Alors que je suis sûr que les théologiens dans les deux camps sont capables de défendre leurs points de vue (et ce, bien mieux que moi), j’aimerais juste faire quelques commentaires.
Tout d’abord, ce que j’ai dit dans le post précédent, c’est-à-dire, on ne peut pas imposer à Dieu une vision de lui qui est la nôtre. Ce n’est pas Dieu qui doit être bon comme nous définissons “bon”, ce n’est pas à lui de se soumettre à nos normes de justice, mais bien le contraire. Donc, si nous nous entendons dire: “Mon Dieu ne pourrait jamais faire/dire ça/être comme ça.” nous sommes en train de limiter Dieu par des valeurs intouchables dans nos coeurs qui sont supérieures même à Lui.
Deuxièmement, il est important de vraiment comprendre la position des autres. Ce n’est pas parce que nous avons l’impression que la vision calviniste minimise la responsabilité de l’homme que c’est le cas, car ce n’est pas ce que présente le calvinisme. Moi, je postulerais que la vision arminienne minimise la gloire et la volonté de Dieu. Il faudrait me montrer comment ce n’est pas le cas. Mais je veux faire l’effort de comprendre l’ensemble de l’argument de l’autre. (Sur ce point, je peux admettre que j’ai échoué bien des fois, mais j’essaie de m’améliorer. C’est un point dans lequel nous avons tous naturellement du mal.)
Finalement, et c’est ce qui est le plus important, chaque position biblique qu’on tient se doit de tenir compte de L’ENSEMBLE du texte biblique. Cela ne nous avance en rien de postuler des versets isolés pour soutenir l’ensemble de notre théologie du salut si en même temps on ignore le thème général de la Bible! Il faut tenir en tension les versets qui semblent dire des choses différentes et se soumettre AUX DEUX. Quel est le sens d’1 Timothée 2 au vu de Romains 8? Est-ce qu’on en lit seulement un et on évite l’autre? Est-ce que Paul cherche à présenter un point théologique spécifique dans un passage et un point différent dans l’autre (je pense bien évidemment que oui, d’ailleurs dans 1 Timothée 2 il parle de notre comportement, notre vie de prière et notre évangélisation, alors que dans Romains, il parle plutôt de sotériologie, la doctrine du salut).
Dans tous les cas, ces réflexions doivent nous mener à une étude BEAUCOUP plus approfondie du texte biblique. Nous ne pouvons pas nous permettre d’une lecture superficielle, partielle ou sélective du texte biblique. L’ensemble de la Bible veut nous dévoiler qui est Dieu, et cela inclut TOUS les 66 livres, avec la clef de lecture de Jésus comme centre de tout.
Quand on la lit ainsi, la Parole nous annonce haut et fort les desseins d’élection et de souveraineté divine dans toute l’histoire humaine. Mais cette discussion, elle sera pour une autre fois… (Et j’espère que vous en parlerez tous!)
Cela ne veut pas dire que les calvinistes ont toujours raison et les arminiens tort. Je crois que les deux positions sont là pour nous aider à acérer nos esprits, nous pousser à l’étude plus profond et, j’espère, à voir au-delà des -ismes pour comprendre la vérité et apprendre à aimer DIEU toujours plus, et ainsi aimer ce monde plus pour lui annoncer un évangile pur et unique.