On parle de comment partager l’évangile ces jours pendant les cultes et je voulais utiliser le blog pour approfondir la question et ajouter des choses que j’aurais oubliées lors de la prédication. Pendant un message, j’avais mentionné l’idée de prendre les occasions qui se présentent à nous. J’ai raconté cette histoire d’une dame chrétienne assise dans l’avion à qui on a tendu une perche grosse comme un escalier et elle s’est tout simplement faufilée en prenant la sortie de secours (métaphoriquement parlant!). Une chose que je me dis, à part le fait qu’elle avait peur ou qu’elle est timide, est qu’elle n’a pas été encouragée par son église à faire ce petit pas de répondre à une question, ou d’en poser. Peut-être qu’elle ne se croit même pas capable de partager l’évangile, de faire de l’évangélisation.
Pour ceux qui se sentent comme ça, réglons ça tout de suite! Jésus donne à tous ses disciples le mandat de faire des disciples (Mat. 28.18-20), ce n’est pas pour les quelques audacieux ou ceux qui sont formés! Donc il équipe tous ses disciples pour le faire! Comment?
“Conduisez-vous avec sagesse envers les gens de l’extérieur et rachetez le temps. Que votre parole soit toujours pleine de grâce et assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun.” Col. 4.5-6
C’est pas si compliqué… Paul entre en contact avec des gens qui ne croient pas pratiquement tous les jours. Il aimerait bien pouvoir passer son temps à prêcher, mais il doit vendre des tentes, acheter les matériaux, tisser les tentes etc. Donc il rachète le temps. Au lieu de perdre ce temps-là, il l’utilise à bon escient. Cette partie du verset est également traduite: “Saisissez toute occasion!” dans d’autres bibles Mais OÙ sont les occasions me diriez-vous?
Quand Paul est à Athènes (Actes 17), il voit que les belles statues sont en fait des idoles, que les gens sacrifient et font des cultes sexuels à toutes sortes de dieux. Actes 17 nous dit qu’il était “troublé” ou “indigné” par ces choses-là. Imaginez-vous un homme qui a passé toute sa vie focalisée sur la piété pharisaïque qui se trouve dans une ville complètement vouée à l’antithèse de ça… Pas facile de rester tranquille. Mais qu’est-ce qu’il fait? Est-ce qu’il commence à les insulter et à leur dire qu’ils doivent arrêter de faire ces choses? Ils n’ont pas de terrain commun pour qu’ils puissent comprendre ce dont il parle. Alors, il utilise une chose qu’il a vue (l’inscription au “dieu inconnu”), il prend des exemples de leur littérature et de leur théâtre (Il cite Aratos et le poète Epiménide) pour créer un terrain commun à partir duquel il peut prêcher l’évangile. Si on lit la fin de son message, il mentionne la résurrection, il ne parle pas de la Croix, il ne dit même pas le nom de Jésus. Mais il a saisi l’occasion et, en ce faisant, a saisi l’intérêt de certains qui lui en demandent plus.
Alors, comment on peut prendre des opportunités? Lisez des livres, regardez des films, suivez un peu de l’actu et apprenez à voir les liens avec l’évangile qui sont déjà là. C’est à dire, quand vous regardez un film, apprenez à chercher quel est son message, quels sont les points communs avec l’évangile et les points de désaccord. Ce n’est pas “se prendre la tête”, mais tout simplement réfléchir à ce que vous regardez. Vous en sortirez plus enrichi et c’est une manière de “racheter le temps”. Si vous avez un bon pasteur (:D) normalement, ça devrait être fait régulièrement à l’église et gentiment, on apprend à le faire pour soi-même.
Puis parlez. C’est-à-dire. Initiez des conversations. Les gens en ont tellement marre des conversations de surface, la plupart seront intéressés si vous êtes ouverts et leur parlez de trucs perso ou vous abordez un sujet différent. Mais il faut aussi chercher à trouver l’évangile dans la conversation, et voir comment l’évangile répond à leurs opinions et à leurs problématiques. Faut apprendre à “parler l’évangile” (de l’expression de Jeff Vanderstelt “gospel fluency”). C’est pas évident, ça vient avec de la pratique.
Je vous donne un exemple que j’ai vécu récemment. Au Royaume-Uni encore plus qu’ici, le tatouage est devenu commun à un point que je ne me serais jamais attendu. Non seulement tout le monde semble en avoir un, mais je n’arrêtais pas de voir des ateliers de tatouage, partout à Edimbourg, Londres, Canterbury. Souvent, ces centres sont accompagnés d’images très glauques, têtes de mort, etc. Ils ne travaillent pas pour le même patron que nous quoi. Or, le tatouage en soi, c’est pas le problème. Par contre quand quelque chose qui change de façon quasi-permanente le corps, devient une mode, de plus en marquant les personnes avec des symboles occultes, je trouve ça inquiétant.
Donc je m’indignais, comme Paul, sur ce culte de l’apparence poussé à l’extrême. Mais au lieu de balancer une pierre dans la fenêtre des tatoueurs… À l’aéroport de Gatwick, où j’avais du temps et très faim, j’ai trouvé un petit resto pour manger et la serveuse avait un tatouage à texte assez impressionnant sur son bras. Or, souvent les tatouages ne veulent rien dire aujourd’hui, c’est juste pour faire cool, mais je voyais que celui-là avait du sens pour elle. Je ne me trompais pas. Je lui ai demandé et elle a commencé à me parler de la raison pour laquelle elle s’était faite tatouer ce texte: “Un jour j’étais tellement frustrée par ma méditation parce que ça ne venait pas, et tout à coup je me suis rendue compte que je ne devais pas m’efforcer, que ça venait comme ça, etc.” On a pu vite parler de sa vision du monde et j’ai pu lui partager la mienne vite en réponse à la sienne. Malheureusement, je suis arrivé à parler du Dieu d’amour et de jugement, et je me suis arrêté là, alors qu’une phrase de plus, et c’était l’évangile clairement expliqué! M’en étant rendu compte plus tard, t’était trop frustré, mais ça ne fait rien. On essaie, la prochaine fois j’apprendrais. C’est vraiment comme parler une langue! C’est en se trompant ou en oubliant des parties de phrase qu’on apprend à faire des phrases correctes et complètes! Si on attend d’avoir tout parfait, on n’apprendra jamais rien de pratique, que la théorie!
Donc vous avez la permission, non, le mandat, d’aller et tester votre petit niveau ou votre niveau avancé d’évangile! Et en communiquant avec, petit-à-petit, en prenant toute opportunité, vous apprendrez à parler de façon pleine de grâce et assaisonnée de sel, selon les besoins de la personne en face. Les opportunités, il y en a pléthore! Faut les voir et les saisir! Et si quelque chose vous indigne, plutôt que d’être des chrétiens qui “jugent” (on est tous coupables de ça), eh bien utilisez ça pour poser des questions, pousser les gens à la réflexion et à voir que Jésus est tellement mieux!