Hier, ce fut une journée… tout simplement atroce.
Le jour du jeûne genevois, on a eu la belle idée d’aller à Annecy, pour profiter de ce jour férié et manger dans un restaurant japonais que nous avions vu en janvier et qui nous donnait pas mal envie… Il semblerait que non seulement toute Genève, mais toute la Savoie, l’Ain, le Vaud et même des Allemands et des Italiens aient décidé de faire la même chose, le même jour!
Ma femme et moi nous sommes donc retrouvés, à l’allée, dans un embouteillage de deux heures. La frustration d’être bloqué, de ne pouvoir faire autre qu’avancer lentement, sans pouvoir quitter la route était vraiment lourde. J’ai fait de mon mieux pour garder le moral et encourager mon épouse, qui conduit, en écoutant de la musique, en discutant de sujets plus intéressants que la circulation, en priant même, et en appelant quelques fois le restaurant pour retarder notre réservation. Nous avons finalement pu traverser le bouchon, seulement pour arriver dans une ville dont on ne connaissait pas les rues, où les places étaient limitées, ce qui a finalement mené à un délai si long que le restaurant ne pouvait plus nous accueillir, car il fermait. Affamés et attristés, nous avons néanmoins trouvé un restaurant assez sympathique et nous y avons passé un moment tranquille, même si on avait les yeux sur la montre, car notre place de parking avait un temps limité. Heureusement, nous sommes arrivés à la voiture une minute avant qu’arrivent les contrôleuses, puisqu’on avait dépassé l’horaire de 10 minutes environ.
Après un peu de shopping très hâtif, nous avons donc repris le chemin du retour, croyant qu’en aucun cas on n’aurait les mêmes problèmes qu’à l’allée.
On s’est gravement trompé. Cela nous a pris 1h45m pour sortir d’Annecy. Je dois admettre qu’à ce moment-là, j’ai commencé aussi à perdre un peu la tête. On s’est efforcé de prier, lire un livre de Tim Keller et en discuter, mais c’était une des choses les plus horribles qu’on n’ait jamais vécues en tant que couple. On ne pouvait pas contacter l’église sur watsapp pour dire qu’on aurait probablement du retard, donc on a envoyé un message à faire passer, pour que l’église, censée se réunir chez nous le soir-même, s’organise pour se réunir en ville.
Le moral était bien bas… Et en arrivant au bout du bouchon, tout à coup, ma femme dit: “Des autostoppeuses! On les prend?” Abasourdi, je suis resté confus une demi-seconde et, en les voyant devant nous, avec un panneau “GENEVE”, on décidé d’arrêter la voiture (et la circulation derrière nous, qui resta, pour la plupart, polie) de leur ouvrir la porte (on ne savait plus laquelle, notre micra étant une 2 portes!) et les faire monter!
Finalement sur la route, pour de vrai, avec deux filles étrangères à l’arrière, ayant laissé les bouchons derrière nous, on attaque la discussion. “Tu fais quoi?” “Euh… je suis pasteur d’une petite église.” (Ca me fait encore bizarre de dire ça.) Et une d’elles, de répliquer: “Ah bon?! Je suis chrétienne et je viens à Genève pour étudier, j’aimerais tellement venir visiter votre église, ajoute-moi sur Facebook, voici mon numéro, etc…”
Nous sommes restés atterrés par la providence de Dieu.
Tout à coup, nous avions oublié qu’on venait de passer 4 heures dans la circulation pour un voyage qui devrait en prendre une et demie. De retour, nous étions néanmoins fatigués, et un peu frustrés du fait que l’église n’avait pas bien reçu le message. En réflechissant à cette situation… Je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une parabole.
La fidélité, c’est rester sur le même chemin quand c’est dur, de ne pas chercher à quitter la route lente pour trouver un raccourci, qui risquerait de nous faire égarer et perdre encore plus de temps. C’est racheter le temps (Ephésiens 5.16) en priant et en louant Dieu, même quand c’est difficile, plutôt que de s’apitoyer sur son propre sort, qui n’amène à rien.
Et le fruit… Wow. On s’est dit: “si cette période de l’église, c’est comme l’autoroute pour Annecy, déjà, c’est pas mal!” On aime cette période avec l’église. Même si on aimerait qu’il y ait plus de croissance, on voit déjà les choses magnifiques que Dieu fait dans la vie de chacun et ça nous remplit de joie. Cependant, on fixe nos yeux dans la prière pour un avenir où des gens seront sauvés, guéris, transformés dans nos assemblées. Le fruit, il sera inattendu: il arrivera à un moment où on ne s’y attend pas; il sera surprenant: les choses que Dieu va nous donner, on n’aura peut-être même pas pensé à les demander, ou elles seront peut-être différentes à ce que l’on s’attendait; et il sera glorieux: tellement plus beau de ce qu’on pouvait s’imaginer.
Le défi de la fidélité est bien celui de prier quand on a l’impression que Dieu ne nous entend pas, de sonder la Bible alors qu’on a l’impression de n’en rien tirer, et de continuer à servir l’église quand on a l’impression de ne voir aucun fruit et même de n’en recevoir aucun remerciement. On ne peut faire ça par nos propres efforts, il nous faut la foi, qui est un don de Dieu. Demandons-la lui! C’est la foi qui nous fait avancer. La foi qu’il y aura du fruit pour notre obéissance.
Et le fruit… Il sera inattendu, surprenant et glorieux.