Ce post est une réflexion sur le ton qu’on peut avoir lorsqu’on prêche. Dès le début de notre série sur l’apologétique, je cherchais à mettre en avant le fait que ce n’était pas pour nous réconforter dans notre croyance qu’on faisait cette série mais plutôt pour nous équiper pour répondre aux questions et aux affirmations de nos amis non-croyants. Je dis “nous” parce que je fais partie de ceux qui ont encore aujourd’hui du mal à savoir toujours quoi dire et c’est une réflexion constante que je dois faire sur comment m’adresser à une personne qui ne partage pas ma vision du monde, même si cela fait longtemps que j’ai de ces discussions et que j’ai quand même amélioré un peu mon discours et mes connaissances.
Pourtant, dimanche, j’avais l’impression de présenter, avec mon message, un ton légèrement condescendant ou revendicateur. Il est très difficile de s’exprimer toujours avec le bon ton, surtout quand l’on ressent une passion pour un sujet et qu’on sent que ce qu’on enseigne est sous attaque dans la société. De plus, le message de dimanche dernier représentait énormément de temps d’études et de réflexions condensées en 35 minutes. Il était donc difficile d’aller au-delà du: “Voici ce que vous entendez – voici comment répondre…”
Une chose à dire sur cela, avant de passer à autre chose. Dans le désir d’offrir des réponses aux autres, il y a le danger de fermer des conversations. Ce n’est pas le but. L’intérêt, comme déjà dit plusieurs fois, n’est pas de clouer le bec à ceux qui sont honnêtement en train de chercher à comprendre, mais de permettre à la conversation de continuer et de se développer. Néanmoins, on veut donner aux plus tenaces des raisons de douter de leur doute. Mais le désir de gagner la discussion est un piège, car on finit par se reposer sur notre intelligence, plutôt que dans l’oeuvre de Dieu. En plus, c’est une bataille perdue, parce que l’orgueilleux ne laisse jamais personne avoir le dernier mot.
Le ton que je sentais donner présente un autre risque. Celui de créer une séparation entre “eux” et “nous” qui relève non de la compassion pour ceux qui n’ont pas entendu la parole, mais de la supériorité. C’est quelque chose que je dois veiller à ne pas communiquer, car c’est une de mes tendances personnelles. En croyant que parce qu’on croit les choses justes on est meilleur que les autres, on oublie que “Nous tous aussi, nous étions de leur nombre: notre conduite était dictée par les désirs de notre nature propre, puisque nous accomplissions les volontés de la nature humaine et de nos pensées, et nous étions, par notre condition même, destinés à la colère, tout comme les autres. Mais Dieu est riche en compassion. A cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts en raison de nos fautes, il nous a rendus à la vie avec Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés…” (Ephésiens 2.3-5) En effet, un passage très cité pendant cette série a été Romains 1.18-25. Ce passage, qui décrit l’impiété des hommes qui ne choisissent de ne pas adorer Dieu comme Dieu est très fort. Jeff Vanderstelt commente sur ce passage en disant: “Et nous on dit: ‘C’est vrai! Ils sont tordus ces pécheurs, qu’est-ce qui leur prend!?’ Puis on continue à lire et on se rend compte qu’il parle de nous.”
Et c’est vrai. Paul, dans la même lettre, nous dit: “Que dire donc? Sommes-nous supérieurs aux autres? Pas du tout. En effet, nous avons déjà prouvé que Juifs et non-Juifs sont tous sous la domination du péché, comme cela est écrit: Il n’y a pas de juste, pas même un seul; aucun n’est intelligent, aucun ne cherche Dieu; tous se sont détournés, ensemble ils se sont pervertis; il n’y en a aucun qui fasse le bien, pas même un seul; leur gosier est une tombe ouverte, ils se servent de leur langue pour tromper… (Romains 3.9-18)
Il reprend tellement de versets de l’Ancien Testament qu’on ne peut pas ici aller dans le détail. Mais c’est fort de voir qu’il cite le Psaume 5, où David affirme la haine que Dieu a pour les méchants (v.6), en même temps qu’il déclare que, par l’abondance de l’amour de Dieu, il peut entrer dans la présence de Dieu (v.8). Mais David, qu’est-il, s’il n’est pas un méchant, qui a commis de graves injustices?
On ne dit jamais “Dieu hait les impies”. Mais c’est vrai. Et pourtant, il les aime aussi. Son amour si puissant pour ceux qui le détestent le pousse à envoyer son Fils pour mourir à leur place. David prépare un sacrifice et peut accéder à la présence de Dieu (selon la Bible d’étude ESV, le v.4, qui est le 5 dans les Bibles anglaises, peut être traduit de 2 façon différentes, dans le sens de prière ou de sacrifice). Notre sacrifice a déjà été offert, pourvu par Jésus avec son propre corps. C’est pour ça qu’on est libre d’accéder à Dieu. Ce n’est pas par notre intelligence. Je ne veux donc pas donner l’impression, par mes mots, que c’est le cas, sinon, mon gosier deviendrait effectivement un “tombeau ouvert” (v.10, cité par Paul dans Romains 3.13), amenant, à travers ma prédication, les gens à la ruine.
Tout ça pour dire, qu’on doit tous, moi en premier, faire l’effort pour montrer que nous ne sommes différents qu’en ce que le Sauveur nous a déjà sauvé, et il veut sauver les autres. Bien sûr, il y a des choses qu’ils ne vont pas comprendre, à cause de l’état spirituel dans lequel ils sont, leurs “désirs dictés par leur nature” morte. Mais Dieu, qui les a livrés à leur péché (Rom. 1) pour qu’ils soient détruits par ceux-ci, comme il nous y a livré pour que nous aussi tombions par eux, les appelle également à la repentance, alors qu’ils se rendent compte que tous ces désirs ne les satisfont pas! Seul Christ peut nous satisfaire.