Je me suis trouvé tout récemment en discussion avec un monsieur qui se disait chrétien et qui affirmait la non-violence absolue de Dieu, démontrée en Jésus qui meurt sur la Croix.
Surpris par cette affirmation, j’ai commencé à lui faire une série de questions sur des textes de la Bible et ce qu’il en pensait. Ce qui en est sorti était d’autant plus surprenant. Selon lui, les prophètes de l’Ancien Testament se trompaient sur la révélation de Dieu, quand ils déclaraient que Dieu suscitait une nation pour punir le mal d’une autre nation, que Jésus n’était pas parfait quand il chassait les marchands du Temple, seulement plus tard il a compris qu’il devait être non-violent (mais cela n’était pas un péché selon lui…) et que l’enfer n’est que et uniquement que l’absence de Dieu, car Dieu ne juge pas…
L’incohérence phénoménale de cette position, face au témoignage biblique étant si évidente, j’ai donc conclu que la “non-violence de Dieu” était une croyance a priori qu’il avait, ce a quoi il a répondu: “Bien sûr, il nous faut des axiomes de base.” Le problème est que son axiome ne se trouvait nulle part dans la Bible, et que le Jésus dans lequel il croyait n’avait aucune autorité, car Jésus trouve toute son autorité dans les Ecritures de l’Ancien Testament, dont il cite régulièrement (tout particulièrement quand il chasse les marchands du Temple), pour démontrer qu’il est le Messie. Donc, ce monsieur croyait en un autre dieu, un dieu dans son imagination, qui est complètement non-violent, qui ne punit pas le mal, et qui certainement ne pouvait demander à son fils de mourir pour nos péchés.
Cette triste situation est un exemple extrême de ce que nous faisons tous, chrétiens ou non. Nous avons tous une tendance à faire des dieux à notre image. Quand on est chrétien, c’est Dieu qu’on transforme pour qu’il soit plus comme ce qu’on voudrait. “Mon Dieu ne ferait/dirait JAMAIS une chose pareille!” Sauf que souvent, le texte biblique indique que, si, il l’a dit et il l’a fait. Si on se trouve dans cette situation, et on l’a tous pensé au moins une fois, même si on ne l’a jamais dit, à ce moment-là, notre jugement se situe au-dessus du texte biblique, non en dessous. On lit le texte avec des lunettes obscurcies par notre propre jugement, au lieu de laisser le texte biblique nous transformer, nous apprendre à mieux voir. Et c’est souvent quand on est face à l’Ancien Testament que ceci nous arrive.
Traversant l’AT à nouveau, je suis halluciné par la quantité de versets qui me posent problème et encore plus ébahi quand je vois que la réflexion sérieuse sur ces textes m’amène à mieux connaître Dieu, son amour, sa providence, sa sainteté.
Après ma rencontre avec ce monsieur, je suis arrivé, lors de mon écoute du texte à vélo, sur un passage que j’avais du mal à comprendre jusqu’à maintenant.
35 L’un des membres de la communauté de prophètes dit à son compagnon, sur l’ordre de l’Eternel: «Frappe-moi, je t’en prie!» Mais cet homme refusa de le frapper. 36 Alors il lui dit: «Parce que tu n’as pas obéi à l’Eternel, quand tu m’auras quitté, le lion te tuera.» Quand l’homme l’eut quitté, il rencontra un lion qui le tua. 37 Le prophète trouva un autre homme et dit: «Frappe-moi, je t’en prie!» Cet homme le frappa et le blessa. 38 Le prophète alla alors se poster sur la route empruntée par le roi et il se masqua les yeux avec un bandeau. 39 Lorsque le roi passa, il cria vers lui et dit: «Ton serviteur était au milieu du combat. Voici qu’un homme s’est approché et m’a amené un autre homme en disant: ‘Garde cet homme. S’il vient à disparaître, ta vie sera échangée contre la sienne ou bien tu devras payer 30 kilos d’argent.’ 40 Or, pendant que ton serviteur était occupé çà et là, l’homme a disparu.» Le roi d’Israël lui dit: «C’est là ta sentence, tu l’as prononcée toi-même.» 41 Aussitôt le prophète retira le bandeau qui couvrait ses yeux, et le roi d’Israël reconnut qu’il était l’un des prophètes. 42 Il dit alors au roi: «Voici ce que dit l’Eternel: Parce que tu as laissé échapper l’homme que j’avais voué à la destruction, ta vie sera échangée contre la sienne, et ton peuple contre le sien.» 43 Le roi d’Israël repartit chez lui, triste et irrité, et il arriva ainsi à Samarie. (1 Rois 20)
Un de ces passages super bizarres, qui nous vient d’un monde d’il y a 2800 ans, qu’on lit et où on se dit: “?” Et pourtant, ce passage nous révèle quelque chose d’extrêmement important sur deux plans: l’étude du texte et la condition de notre coeur face au texte.
Tout d’abord, l’étude du texte. Nous avons souvent l’habitude de lire la Bible en versets, en passages courts, ce qui nous fait souvent perdre le contexte. Tout simplement en lisant le passage qui précède celui-ci en et réfléchissant un peu, on peu comprendre ce qui se passe. Dans le passage précédent, il y a une guerre entre un roi d’Israël et le roi de Syrie. Le roi d’Israël est très mauvais, probablement le pire de toute l’histoire des rois. Pourtant, Dieu lui promet la victoire. Mais au moment où il pourrait tuer le roi de Syrie, il ne le fait pas, par intérêt financier et personnel.
L’échange entre les prophètes du passage cité ci-dessus est lui-même prophétique. Un prophète refuse de faire ce que la parole de Dieu lui commande, et à cause de ça, il est tué. Il est en lien avec ce que rapporte le prophète au roi.
La réaction du premier prophète, qui nous semble tout à fait juste, parle par contre de notre coeur. Ce prophète a réagi à la parole de Dieu en se disant: “Jamais mon Dieu ne pourrait me demander une chose pareille!” tout en sachant que la parole du prophète venait directement de Dieu. Il avait une fausse image de Dieu. Cette illustration qui est réellement vécue révèle le coeur d’Achab, le roi. Son choix de ne pas détruire le roi de Syrie est motivé par un dieu différent, le dieu de l’argent. Dieu le délivre, mais il décide de louer un autre dieu, il est complètement spirituellement aveugle.
Ceci n’est pas pour soutenir que Dieu est un dieu violent et méchant, mais pour nous confronter à la réalité de nos coeurs. L’amour de Dieu est tellement plus grand de ce qu’on en croit souvent, car notre croyance de l’amour de Dieu est souvent sous-tendue par une idée personnelle de ce qu’est l’amour, la tendresse, non pas par ce que nous enseigne la Bible. Le jugement de Dieu nous parait si difficile à croire, car nous n’en aimons pas l’idée, pas parce que le texte biblique nous laisse sans informations sur ce point.
Bien sûr que Dieu est amour, mais Jésus nous dit: “Si vous m’aimez, gardez mes commandements.” (Jean 14.15)
Ceci dit, je ne crois pas que Dieu va demander à un chrétien aujourd’hui de frapper un autre. Mais je veux que cette croyance soit fondée dans la révélation du texte. Jésus nous enseigne la non-violence, de ne pas nous venger, le peuple de Dieu d’aujourd’hui est mis à part et n’est pas gouverné par un système politique, comme l’était Israël durant l’AT, par conséquent, les sanctions sont radicalement différentes, Dieu merci. Mais nous ne pouvons pas permettre qu’une personne qui se dit chrétienne puisse enseigner que la Bible ne dit pas ce qu’elle dit. Et nous devons garder nos coeurs de cette attitude, qui ne permet pas à Dieu de nous révéler encore plus de qui il est.