Lorsqu’on se convertit et qu’on entre dans la joie du salut, notre coeur se déclare voué à Jésus, nous proclamons notre foi inflexible et nous commençons à chercher des projets missionnaires sur internet à faire pendant nos prochaines vacances. Ce sont toutes de bonnes choses, et on entend un chrétien cynique dire “tu verras, après un moment, ça va te passer.”
C’est une réaction très triste et peu encourageante. C’en est une que j’ai aussi eue. Malheureusement, en tant qu’êtres humains, nous vacillons souvent entre l’exubérance optimiste et le mépris cynique. En tant que chrétien, la vraie maturité se traduit souvent par une joie paisible, confiante en notre Père qui, bien que nous ne voyons pas ce qu’il fait, a prévu toute chose pour notre bien (Rom. 8.28). Les sentiments initiaux sont une confirmation qu’il y a eu changement de coeur, une déclaration d’amour de notre âme, mais ce coeur, plein d’eau profondes (Prov. 20.5) et de voies tortueuses (Jér. 17.9), ne fait que commencer son chemin de renouvellement (Rom. 12.2).
Un domaine dans lequel nous vacillons souvent est celui des relations. Qu’on grandisse dans un milieu chrétien ou qu’on se convertisse, on décide, ou on nous dit, qu’on ne peut se mettre avec une personne non-croyante. Ca parait logique.* Mais après plusieurs années (parfois quelques mois) de célibat, on commence à se demander si Dieu s’intéresse vraiment à notre vie romantique et, à nos pulsions sexuelles.
*Parenthèse: Pour certains non-croyants, cela parait extrêmement intolérant. Mais réfléchissons ensemble à cela: ceux qui m’ont reproché d’être intolérant parce que je ne voulais pas épouser une femme qui n’était pas à fond pour Jésus, ils n’auraient jamais pu épouser quelqu’un comme moi. En réalité, l’accusation d’être intolérant est un chantage qui nous demande, finalement, de changer notre croyance profonde, et de placer notre conviction religieuse sur le même plan qu’ils mettent leur perception de ce qu’est la religion. Ceux qui nous appellent intolérants ne tolèrent en aucun cas que les gens croient quelque chose de différent qu’eux sur la religion. D’ailleurs, s’ils épousent une personne religieuse, ce sera une personne qui met la religion plus ou moins sur le même plan, rarement ce sera une personne dévouée à son culte de façon radicale, car c’est une vision du monde trop différente. Je suis réellement reconnaissant pour les amis non-croyants avec qui j’ai parlé de ma foi et qui ont conclu, de façon très logique: “Ah oui, alors il faudra que tu trouves une personne qui voit ça comme toi.”
Heureusement que nous avons Pierre comme exemple. “Jamais je ne t’abandonnerai, Jésus!” Si Dieu ne nous avait pas fait la grâce de nous montrer la chute si rapide du premier leader de l’église et de comment il le restaure avec sa tendresse, nous aurions encore plus de mal à croire en Son pardon. Je ponctue avec cet exemple en début de post car je ne voudrait pas que ceux qui lisent et qui vivent cette tentation en ce moment-même sentent qu’ils ne peuvent se confier à un frère ou une soeur par peur de jugement. On est tous passé par là.
Mais parfois, le questionnement se transforme en amertume. “Comment Dieu a-t-il pu me faire attendre si longtemps? Qu’ai-je encore à apprendre avant de trouver mon conjoint?” etc. Ressasser ce genre de phrase finit par nous voler notre joie en Lui. Pourtant, c’est bien en Lui, et en Lui SEUL qu’on peut trouver notre joie. Ces questions nous révèlent en fait une idole qui cherche à prendre la place de Dieu dans nos vies.
Une des questions qu’on me pose assez fréquemment est effectivement: “Où, dans la Bible, est-il marqué que je ne devrais pas sortir avec un non-croyant?”
Stop un instant. La personne qui se pose cette question. Regarde dans ton coeur, avant de regarder dans la Bible. Le Saint-Esprit devrait être en train de te montrer que cette question n’est pas motivée par un amour pour Jésus, mais pour toi-même.
Ensuite, faisons un peu de réflexion. Tout d’abord, la Bible ne parle pas de “sortir avec” qui que ce soit, car cela est en soi un concept complètement étranger à la culture biblique. Dans le plan que Dieu révèle pour les relations dans la Bible, on n’a pas des rencontres romantiques pour vivre l’excitation d’un amour éphémère et user une autre personne faite à l’image de Dieu. On se met avec quelqu’un pour former une nouvelle personne pour la vie (Genèse 2.24-25). Donc, tout d’abord, le chrétien doit se mettre dans la tête que toute relation romantique qu’il cherche à vivre est en vue du mariage. Cela ne doit pas le bloquer ou le stresser, mais plutôt l’aider à réfléchir de façon plus sérieuse sur son rapport au sexe opposé.
Puis, quand je réponds à la question avec les versets typiques, j’ai entendu des gens dire: “Oui, mais ça, c’est TON interprétation du passage.”
Ok. Regardons les versets en question:
Ne formez pas un attelage disparate avec des incroyants. En effet, quelle relation y a-t-il entre la justice et le mal? Ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres? Quel accord y a-t-il entre Christ et le diable? Ou quelle part le croyant a-t-il avec l’incroyant? Quel rapport peut-il y avoir entre le temple de Dieu et les idoles? En effet, vous êtes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit: J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux et séparez-vous, dit le Seigneur; ne touchez pas à ce qui est impur et je vous accueillerai. Je serai pour vous un père et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant. (2 Cor. 6.14-18)
L’idée d’attelage disparate est celle d’attacher des boeufs à un joug. S’il est disparate, l’un va tirer alors que l’autre aura de la peine à avancer. Ils vont tirer dans deux directions différentes. Une image très apte. Ce verset n’interdit en aucun cas l’amitié avec les non-croyants, sinon nous devrions devenir une sorte de secte qui vit loin de tous! Mais il nous dit qu’avoir une “part” avec une personne non-croyante, c’est-à-dire partager notre vie avec de la façon la plus forte, c’est comme mettre des idoles dans le Temple de Dieu. C’est déjà très fort comme langage.
“Oui mais il pourrait se convertir!” j’entends beaucoup. Ok, parlons-en avec les millions de femmes qui se rencontrent régulièrement pour prier pour leurs maris qu’elles ont épousé et qui, après 30 ans ne se sont toujours pas convertis. Bien sûr qu’il pourrait se convertir. Là n’est pas la question. Ce n’est pas vous qui allez le sauver ou la sauver. Le salut est le fait de Dieu. L’obéissance est notre fait à nous.
Cela ne veut pas dire qu’une personne croyante mariée à une personne non-croyante à le droit de s’en séparer. Il y a promesse et alliance faites. Paul nous en parle de façon détaillée dans 1 Corinthiens 6-7. C’est un devoir de montrer l’évangile à l’autre.
Dans ce contexte là, regardons un autre verset important: “si le mari meurt, elle est libre de se remarier avec qui elle veut, à condition que ce soit dans le Seigneur.” (1 Cor. 6.39)
Vous vouliez le verset spécifique? Eh bien le voilà. Le mari, doit être “dans le Seigneur”.
Mais en réalité, ce ne sont pas seulement ces versets-là qu’on a. Par ce post, je ne veux pas juste remettre les choses au clair dans ce domaine, mais nous appeler à lire la Parole avec plus de sérieux, de profondeur. On peut chercher des versets comme ça pour justifier ou non une pratique et établir une règle, mais si on ne fait que ça, on passe à côté de la puissance des Ecritures, qui ont une histoire énorme à nous raconter, un salut magnifique à nous présenter!
Au début de la Bible, quand Dieu sauve le peuple d’Israël d’Egypte, il les appelle à vivre dans le désert et leur donne une liste de commandements qui les démarquerait des autres peuples, pour qu’ils aient une pratique radicalement différente et qu’on ne puisse les soupçonner de participer aux mêmes cultes idolâtres des pays environnants. Et à la fin de Deutéronome, Moïse leur répète toute cette loi, en leur disant:
Oui, vous savez de quelle manière nous avons habité en Egypte et comment nous sommes passés au milieu des nations que vous avez traversées. Vous avez vu leurs monstruosités et leurs idoles, le bois et la pierre, l’argent et l’or, qui sont chez elles. Qu’il n’y ait parmi vous ni homme ni femme, ni clan ni tribu, dont le cœur se détourne aujourd’hui de l’Eternel, notre Dieu, pour aller servir les dieux de ces nations-là. Qu’il n’y ait pas parmi vous de racine qui produise du poison et de l’absinthe. Que personne, après avoir entendu les paroles de cette alliance contractée avec serment, ne se félicite dans son cœur en disant: ‘Je jouirai de la paix, même si je persévère dans les penchants de mon cœur pour ajouter l’ivresse à la soif.’ L’Eternel ne voudra pas lui pardonner. Au contraire, la colère et la jalousie de l’Eternel s’enflammeront alors contre cet homme, toutes les malédictions écrites dans ce livre reposeront sur lui, et l’Eternel effacera son nom de dessous le ciel. L’Eternel le séparera, pour son malheur, de toutes les tribus d’Israël, conformément à toutes les malédictions de l’alliance écrite dans ce livre de la loi. (Deut. 29.15-20)
C’est du sérieux. Ce passage s’adresse à des personnes qui sont dans le peuple de Dieu physiquement, mais qui sont ailleurs dans leur coeur. Ils veulent mélanger les deux et pensent être au couvert de la colère de Dieu. Ce désir est un poison, un alcool fort qui les trompe.
Dans le désert, les peuples qui cherchaient à les détruire ont utilisé un stratagème pour les détourner de la volonté de Dieu. Ils ont envoyé des femmes séduisantes pour que les hommes d’Israël aient des rapports avec elles, afin d’intégrer le peuple de Dieu à leur culture. Dieu est furieux! Le petit-fils d’Aaron tue un de ces couples et Dieu en fait l’éloge! (Nombres 27)
La réalité est que le sentiment amoureux est un outil puissant qu’utilise l’ennemi pour détourner les chrétiens de leur foi. Les rois d’Israël sont mis en garde contre des mariages avec des femmes d’autres nations (Deutéronome 17), car elles ont d’autres dieux, et Salomon, le plus sage des rois, tombe droit dans le panneau! (1 Rois 3, 1 Rois 11) Cela ne veut pas dire pour nous de ne marier que des personnes de la même nationalité, mais ça parle spécifiquement du fait de se marier avec le même peuple d’alliance, ceux qui ont le même Dieu.
C’est un thème qui traverse la Bible entière, pour nous enseigner que Dieu est 100% dévoué à nous. Il veut de nous le même dévouement. Et si on est dans un attelage disparate, ça va tirailler jusqu’à ce qu’on se soumette à la direction du boeuf plus fort. Cette question est une question d’idolâtrie. Le partenaire non-croyant n’est pas juste une personne neutre qu’on va influencer avec notre christianisme. C’est un adorateur d’autres choses. Il va nous entraîner à les aimer aussi. C’est pourquoi, ne faites pas confiance à la puissance de votre foi. Dire: “J’ai une grande foi,” c’est de l’orgueil charnel (Philippiens 3.4). Seulement, soyez obéissants à la Parole du Seigneur.
Et si vous êtes remontés après avoir lu ceci… Posez-vous la question de pourquoi? Est-ce parce que le texte biblique ne dit pas ce que j’ai énoncé, ou est-ce parce que vous ne voulez pas qu’il dise cela? Si c’est la deuxième, alors, comme toujours, c’est à nous de dire à Dieu: “Seigneur, je sais que tu veux mon mieux, mais j’ai du mal à me soumettre à ce que ta Bible m’enseigne. Aide-moi à t’obéir, à t’aimer plus que j’aime les choses de ce monde. Je veux connaître l’amour et la paix en toi et en rien d’autre.”
Car finalement, c’est aussi une question de croyance. Si on est enclin à désobéir à Dieu, c’est aussi parce qu’on ne croit pas qu’il est notre Père bienveillant, la source de toute notre joie, on croit qu’il veut nous gâcher la vie, ou qu’il ne s’intéresse pas aux détails de celle-ci. Il comprend, compatit avec votre attente, mais il ne veut pas que vous finissiez par manger du sel pour désaltérer votre soif pour un conjoint.
Si vous êtes dans cette situation, il compatit, et moi aussi. Comme je l’ai dit, on est tous passé par là. N’abandonnez pas et parlez-en avec quelqu’un de confiance dans l’église.