“Dieu et l’homme ne peuvent être exclusifs l’un de l’autre, de la même manière qu’un homme l’est d’un autre (…) “Dieu l’a dit (ou fait)” et “je l’ai dit (ou fait)” peuvent être à la fois vrais. (…) Mais Il est le fondement de notre existence. Il est à la fois en nous et en opposition à nous. Notre réalité dérive de la Sienne au degré que Lui, à chaque moment, se projette en nous. Plus on touche aux profondeurs de nous-mêmes pour produire une prière, ou toute autre action, plus elles sont les Siennes, mais n’en sont pas moins les nôtres, au contraire, plus elles deviennent les Siennes, plus elles sont réellement les nôtres. (…)
Une question surgit automatiquement : Dieu parle-t-il encore au moment ou parle un blasphémateur ou un menteur ? En un certain sens, presque. En dehors de Dieu, il ne pourrait parler du tout : il n’existe pas de paroles qui ne seraient dérivées de La Parole ; comme il n’existe d’acte qui ne soit dérivé de celui qui est Actus purus. Effectivement, la seule manière dont j’arrive à me rendre compte de ce que la théologie enseigne sur l’horreur du péché est de me rappeler que tout péché est la distortion d’une énergie insufflée en nous – une énergie qui, si elle ne fut ainsi déviée, se serait transformée en une de ces saintes actions dont “Dieu l’a fait” et “je l’ai fait” sont toutes deux des descriptions justes.
Nous empoisonnons le vin alors même qu’Il le décante en nous ; nous massacrons une mélodie qu’Il aimerait jouer en nous utilisant en tant qu’instrument ; nous faisons la caricature de l’auto-portrait qu’Il peindrait. Ainsi, tout péché est sacrilège, en plus d’être bien d’autres choses.”
La prière : lettres à Malcolm, chapitre 13, traduit de l’anglais, italiques ajoutées